Travelling
Massimo Furlan
Avec Travelling, Massimo Furlan propose une balade nocturne en bateau sur la Garonne.
Comme des touristes dans leur propre vie, les spectateurs embarquent pour une visite des rivages du fleuve souvent méconnus. Dans ces marges désertes et silencieuses, décors de films ready-made, surgissent des figures lynchéennes, comme d’éphémères visions nocturnes d’une réalité parallèle. Au gré de la lumière d’un projecteur, des saynètes urbaines furtives surgissent du noir. Un casque audio posé sur les oreilles, le spectateur se trouve dans un état de conscience légèrement modifié, propre à la rêverie. cette croisière nocturne performative que nous propose Massimo Furlan est un songe d’une nuit cinématographique.
Jeudi 13 juin
Départs à 21h30 / 22h / 23h30 / Minuit
Vendredi 14 juin
Départs à 21h30 / 22h / 23h30 / Minuit
Samedi 15 juin
Départs à 21h30 / 22h / 23h30 / Minuit
Venir 30 min avant le départ du bateau.
À partir de 14 ans.
Concept et mise en scène : Massimo Furlan. Dramaturgie Claire De Ribaupierre. Avec la participation de 15 complices.
Production : Numero23Prod. Coproduction Festival Belluard, Fribourg (CH). La compagnie Numero23Prod est bénéficiaire d’une convention de soutien conjoint avec la Ville de Lausanne, l’État de Vaud et Pro Helvetia- Fondation suisse pour la culture.
Travelling est programmé dans le cadre de la saison culturelle Liberté de la ville de Bordeaux. En partenariat avec le Grand Port Maritime de Bordeaux et Keolis.
Massimo Furlan
La démarche de Furlan s’articule d’une part autour de la composition d’images en mouvements, qui prennent place sur des scènes théâtrales et d’autre part autour de formes plus performatives, dans des espaces publics ou non dévolus au théâtre. Les images des différentes créations scéniques de Massimo Furlan sont traversées et habitées par des acteurs qui se révèlent avant tout par leurs gestes. Contrairement à la scène dramatique et au processus de la construction du rôle, ici ce sont des figures sans psychologie et la plupart du temps muettes. La parole, si elle intervient, est la plupart du temps portée non par des acteurs mais par des anthropologues, historiens ou philosophes, qui transmettent, dans un cadre donné et souvent sous une identité de fiction, des perspectives théoriques: ainsi Bastien Gallet, Marc Augé et Serge Margel dans 1973, sous des identités variées liées à l’édition de l’Eurovision de la chanson, ou Pierre-Olivier Dittmar sous les traits de la poupée ventriloque dans Un Jour.
Une grande part de la recherche de Massimo Furlan repose sur le développement d’un travail performatif. Des performances qui mettent en jeu la question du corps, de l’action, du temps, de la parole. Ces actions prennent souvent place dans des lieux non dévolus au théâtre, dans des espaces publics – parc, stade de football, salle de sport, aéroport, tunnel, gare.
Au cœur de ses performances, la dimension du faire, de la littéralité de l’action et de la puissance de l’événement sont centrales. L’artiste engage une démarche, un processus qui va de l’élaboration, de l’énonciation de l’idée à son effectuation. Ce qui donne à sa recherche une dimension à la fois conceptuelle et concrète. Le travail de mise en oeuvre d’une action simple est en réalité colossal, et c’est ce travail là qui implique le plus de temps, d’énergie, de combat: par exemple, obtenir de Parc des Princes à Paris pour jouer la performance Numéro 10, gagner la confiance du directeur de l’aéroport de Genève pour courir sur la piste de décollage, recevoir l’autorisation de faire fermer le tunnel du St Bernard, le temps de le traverser au pas de course. Les performances engagent une forte dimension d’expérimentation, elles laissent place à l’imprévisible, l’accident. Elles mettent en jeu la question du temps et de la durée: certaines sont extrêmement brèves (quelques minutes), d’autres durent plusieurs heures. Elles proposent avant tout du temps à vivre.
Claire de Ribaupierre, dramaturge
Claire de Ribaupierre est dramaturge et interprète dans les créations de Massimo Furlan depuis 2003. Docteur es Lettres, elle mène des recherches dans les domaines de l’anthropologie, de l’image et de la littérature contemporaines. Elle a publié Le roman généalogique. Claude Simon et Georges Perec, Bruxelles, La Part de l’oeil, 2002, et dirigé de nombreux ouvrages collectifs sur la question du deuil et du fantôme (Le corps évanoui, les images subites, Paris, Hazan, 1999), sur la figure de l’idiot (Paris, Léo Scheer, 2004) et sur l’anecdote (Zurich, JRP, 2007). Elle a édité en octobre 2012 avec le CAN Les Héros de la pensée, ouvrage retraçant les 26 heures de la performance montée à Neuchâtel.
Elle a été collaboratrice scientifique et enseignante à l’Ecole cantonale d’art du Valais et à la HEAD (Haute Ecole d’art et de design, Genève (CH)), où elle a mené différentes recherches sur la question de la mémoire, de l’oralité, du corps et des archives limites. Elle a organisé plusieurs rencontres dans des lieux d’art, à l’Arsenic entre autres, réunissant artistes et théoriciens autour d’une problématique spéci que (anecdote, archives, animal, accident, excès…). Elle a travaillé comme chercheur soutenue par le FNS de 2008 à 2010 sur les pratiques artistiques de l’archive, avec Serge Margel, Christophe Kihm et Marie Sacconi, et de 2013 à 2015 avec la Manufacture, l’ECAl, l’HEMU et la HEAD autour de la question de l’improvisation. Elle enseigne actuellement à la Manufacture de Lausanne (CH) aux étudiants du bachelor Théâtre, Danse ainsi qu’au master Mise en scène.